Réouverture haute en couleurs pour
le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris après deux
années de totale rénovation structurelle. 80 oeuvres de
Bonnard vont permettre de mieux connaître ce peintre inclassable,
à la séduction plutôt facile mais au message visuel
souvent méconnu. On ne l'avait pas vu ainsi à Paris
depuis 22 ans. Ce moderne aux relents d'impressionnisme tardif s'est
souvent contenté de sujets simples, proches de lui, mais qui
prennent aujourd'hui le relief particulier des témoignages
quotidiens forts. La simple représentation de sa femme
prenant son bain dans la baignoire familiale a longtemps classé
Bonnard dans la catégorie des artistes "candides". Son
épouse Marthe restera d'ailleurs l'icône suprême de
la majorité de ses tableaux. Bonnard le nabi est en
réalité bien plus sophistiqué qu'il n'y
paraît. Les sujets sont simples, les couleurs éclatantes
et richement dispersées, mais, un expressonnisme caché,
une mélancolie abstraite, entourent souvent ces
apparitions
fleuries. Il suffit juste donc de changer son regard et
d'apprécier ces tableaux comme autant d'émotions
ressenties mais pudiquement étalées, pour dépasser
la simple scène de genre et sa banale réputation.
Observons comment Marthe, l'épouse modèle, perd
progressivement son visage au fil du temps, pour devenir femme
universelle. La construction des tableaux mérite
également une attention soutenue. Leur géographie est
souvent une savante mathématique qui articule plusieurs sujets
en un, envahissant l'espace avec d'intelligentes gradations.